« Partir à dos de feuilles ou d’arbres
Partir vent léger
Souffler la sève jusqu’à la rouille
Traverser l’étendue entre mot et lumière
Tracer de longs signes d’espace
Toucher le geste
Et sa lumière
(Traversée du paysage )
…
dire la rivière
quadriller la page contre l’appel des plages très loin en aval
là où l’écriture se noie au contact des mers
suivre sa veine d’eau ses empreintes de rochers
ce mot de banc
qui en ponctue le cours comme un repentir affiché
une parenthèse là un simulacre d’île un seuil vers d’autres terres
poussières de parois révolues la rivière fluctue s’augmente puis
se retire
se fragmente patiente son propos s’égoutte
tarit
quand l’eau est à court d’eau
qu la roche tente un archipel de paroles ordonnées
avance ses cailloux d’éboulis sur l’échiquier des sables
on croit de nouveau
[…]
bleu nuit
toute rivière est un torrent d’épopée énergie qui ne décolère guère
éventration de roches et démission des terres
(A l’appui de l’eau)
Jacques Moulin- in Ecrire à vue – L’Atelier contemporain