« Avant toutes choses, il y a, disponibles, ces limbes: le désert de la toile blanche. Commencement et fin, c’est l’étendue sans limites d’avant la création, le jour et la nuit non séparés.
Blanc et noir indifférenciés, il n’y a encore ni lumière ni espace définis, mais un abîme pour m’y perdre. Braque montrait sa toile blanche : « c’est à ça qu’il faudrait arriver ».
Cette toile, miroir d’un autre abîme, le mien, elle est, face à moi, présence du néant et promesse de vie: elle est moi-même avant la création. Miroir lisse et sans histoire où, peintres aveugles nous nous regardons.
Ces limbes, si nous voulons exister, il nous faudra à tout prix, à tout instant, les peupler, les nourrir de tout ce qui nous tombe sous la main, comme un homme dans l’angoisse se gave de nourritures pour combler le vide qui se creuse en lui. «
Exercice de la peinture in Le temps de la peinture, Bazaine
Ces mots de Bazaine que je fais miens aujourd’hui pour ce tableau abstrait, le temps d’une pause dans ma série de marines qui grandit, grandit, envahit tout mon espace. Bazaine dont l’art de l »‘impossible » me touche par sa raison d’être dans l’appel intérieur.
Plus qu’une esthétique, une éthique.
Acrylique sur toile 40×30
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