Tout ce que je touche me fait mal, et, enragé des supplices que je veux attribuer à des puissances inconnues qui me persécutent et entravent mes efforts depuis tant d’années, j’évite les hommes, néglige les réunions, décommande les invitations, et éloigne les amis. Il se fait autour de moi du silence et de la solitude : c’est le calme du désert, solennel, horrible, où par bravade je provoque l’inconnu, luttant corps à corps, âme à âme.
Je me sens sublime, flottant sur la surface de quelque mer : j’ai levé l’ancre et je n’ai nulle voilure.
…
En lisant les songes de Swedenborg en 1744, l’année qui précède ses relations avec le monde invisible, je découvre que le prophète a subi les mêmes tortures nocturnes que moi, et ce qui me frappe, c’est l’analogie parfaite des symptômes, qui ne me laisse aucun doute sur le caractère de la maladie qui m’a atteint.
Dans Arcana cœlestia, les énigmes de ces deux dernières années s’expliquent avec une exactitude si puissante pour moi, enfant de la fin du célèbre XIXe siècle, j’en garde la conviction inébranlable que l’enfer existe, mais ici, sur la terre, et que je viens d’en passer par là. (p. 226)
Inferno, August Strindberg
J’adhère totalement à ces deux extraits… Mais qu’on se rassure, je ne suis pas encore parano comme l’était l’écrivain suédois Strindberg, juste hypersensible et très curieuse de mystères et d’énigmes,
Strindberg évoque Swedenborg plusieurs fois dans son livre tout comme l’avaient également fait Balzac ou Nerval (au début d’Aurélia).
J’ai fait connaissance de Swedenborg dans un ouvrage publié aux Editions Le Bois d’Orion, acheté sur le marché de la poésie, il y a quelques années. Il s’agissait d’un ouvrage d’André Rolland de Renéville : « Sciences maudites, poètes maudits ». Ce livre m’avait fort impressionnée. Probablement qu’avant cela le même Swedenborg avait accompagné mes lectures de Balzac et de Nerval et guidé jusqu’à celui-ci.
Je suis hantée par les falaises, l’écriture de ce roman en cours me tue…
Acrylique 45×61, Le masque des falaises
Détails :
Votre commentaire