je bâtis ma demeure

« …Le jour est à portée de nos doigts le soleil mord

A cause de mon amour à cause

du filet aveuglant de mon amour

jeté ce soir sur le monde »

Edmond Jabès, Je bâtis ma demeure

« Légère, le vent qui passait a soulevé la robe de la source. Claire eau qui se livre au prix d’elle-même, il me faut jusqu’au poème, passer par toutes ses phases, en respecter les métamorphoses et d’abord la plus mystérieuse, celle qui consiste pour elle à ne pas être l’eau. J’irai la saluer au ciel, là où elle prend indifféremment les noms de nuage et de pluie selon qu’elle dort ou qu’elle aime. Je la réclamerai au désir, dans les pleurs des plantes et à la terre à chaque pas. Je l’arracherai à la joie, à l’homme dans sa plénitude, au couple pour qui elle se veut un fleuve, à la solitude pour qui elle se veut un lac, à la douleur pour qui elle s’est voulue la mer : la mer des tempêtes, la mer des quatre mâts brisés, la mer des noyés et de l’aurore. Et puis, je la laisserai couler entre les morts. D’une partie de leur désert, elle créera une oasis où fleuriront nos souvenirs et nos prières. Je lui demanderai aussi d’étancher la soif du Désespoir, ce Prince squelettique qui fait saigner les toits et les rues. Je lui demanderai d’exaucer la sueur. »

Edmond Jabès – « Les mots tracent » in Le Seuil/ Le Sable – Poésie GallimardAcrylique, Abstrait, 45×61

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :