Lecture d’Anne-Lise Blanchard
Fibromyalgie – Marie Desvignes, chez l’auteur* – 12,66 euros – ebook :2,99 euros
Ni thérapie, ni livre de vulgarisation, encore moins livre de recettes ou programme, ce pourrait être un excellent viatique pour ceux qui souffrent en leur corps sans qu’il soit possible de nommer le mal. Du corps entravé au corps libéré, selon les paroles de l’auteur, il s’agit d’un exercice rigoureux d’extraction du mal par l’analyse de ses manifestations et l’apposition du mot juste sur chacun des symptômes comme des émotions qui les accompagnent, prenant à rebours la citation de Camus : « Mal nommer un objet c’est ajouter au malheur de ce monde ». Il en résulte un récit dynamique, porté par un souffle d’où jaillissent la parole, la création : « Elle – l’écriture – redevint un souffle vital, non plus spasmé et étouffé, heurté, asthmatique mais fluide et serein ». La très belle image de l’arbre (p 80-81) aux plus hautes branches duquel se hisser accompagnée de l’encouragement de Rilke : « Ecoute le souffle de l’espace, le message incessant qui est fait de silence. » laisse place au sens. Sens qui devient l’évidence en reprenant contact avec le concret, le réel que nous transmet l’expérience sensorielle, consciente, immédiate : « Tu as besoin de t’emplir de sable, de le sentir crisser sous tes pieds, respirer le vent dans les dunes, courir sur les chemins goudronnés, brûlants l’été. »
Le champ poétique d’une seconde partie, « Mon corps est une île », revisite des phases antérieures de la maladie. C’est ce retour sur soi qui permet de reconstituer son unité, de prendre conscience de son « unicité » et, par là, « être dans la vie ». Un livre attachant qui procure joie et vitalité même aux non fibromyalgiques.
*Marie Desvignes, desvignes.mj@outlook.fr

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