Un souffle dans le silence et « le matin sort ses griffes ». C’est une écriture qui épouse les bords du monde, en capture les notes du temps, « l’or de l’éveil », une brume volatile, fragile, légère, « les bulles vont dans le ciel reliées un chapelet d’ombres ».
Et tout est dit.
Doucement.
Tranquillement.
On avance dans le texte épousant les ondes magnétiques et silencieuses. On c’est le poète et c’est nous, une façon de nous lier à sa parole, de nous faire spectateur de ce qui tremble encore derrière nos paupières, un souvenir, une trace, une enfance. « On fait semblant » Essayons de rassembler pêle-mêle, ce qui vient, tombe, se rajuste à notre mémoire.
Dans tout ce qui manque à nos vies, « le ciel est déposé là, comme un matelas d’ombres ».
On reste immobile, fiévreux, muet, éprouvant la capture du vent, tout ce temps qui s’échappe, délimitant l’horizon sonore.
Il suffirait d’en saisir la lumière, cet « or au pli des roches ».
Mouvement incertain, va et viens dans le fragile, le ténu, « le matin se pose en douceur ».
Quand ça déferle en mots, en larmes, en gouttes de pluie, on attend, « perdu dans chaque mot », et entre déferlement et silence, on accueille ce qui vient, « le ciel déposé là ».
Parfois « on attend que quelque chose se passe ».
Le temps déroule sa manne céleste dans la lumière, la brume immobile écarte les rideaux des nuages, on se glisse dans leur déchirure.
L’enfance jamais loin, tout se joue dans le silence comme dans les précédents textes de J.B. Pédini, les mots sont toujours de trop, seuls les gestes comptent, les mouvements, les traces de souvenirs qui s’inscrivent dans les corps, comme on glisse sur la dépression, l’espace nu sur l’obscurité, le mystère.
« le sol remue », « des petits bouts de ciel se détachent du plafond », dans la vastitude du monde, le ciel est notre seul confident, les nuages nos complices.
Demeurer dans la pierre immobile, face au ciel et attendre la lumière qui tarde à venir.
Marie-Josée DESVIGNES
le 14/06/2016
Jean-Baptiste Pedini est né en 1984 à Rodez. Vit et travaille en région toulousaine. Publications dans de nombreuses revues dont Décharge, Voix d’encre, Arpa., N4728.. Des livrets publiés chez Encres Vives, Clapàs, – 36° édition et La Porte. Recueils parus:
Prendre part à la nuit (Polder, 2012),
Passant l’été (Cheyne éditeur, Prix de la vocation, 2012)
Pistes noires (éditions Henry, 2014)
Plein phare, Editions La Porte, 2015
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