REVUE INTRANQU’ÎLLITES n°4 Editions ZULMA IntranQu’îllités n°4

Revue littéraire et artistique dirigée par James Noël

 Intranqu’îllités

sur Africultures

Intranquillités 4

 Présentation sur le site des Editions Zulma :

« Direction artistique : Pascale Monnin & Barbara Cardone

« Revue de haute tension créatrice avec des pages qui vibrent et évoluent dans l’union libre des genres. Nous travaillons avec des poètes, des romanciers, des photographes, des philosophes, des musiciens, des peintres, des réalisateurs, pour constituer une poétique, façon boîte noire pour capter les vibrations et les imaginaires du monde, par le prisme de la beauté. Née par la force des choses au lendemain du séisme de 2010, IntranQu’îllités est conçue par ses fondateurs, James Noël et Pascale Monnin, comme une revue de grande magnitude à partir de la faille même, pour contrarier les certitudes et les idées reçues, et ainsi donner libre cours à tous les vents et les tremblements de l’esprit. Un rêve, un mouvement à partir d’Haïti, pays qui ne sera pas un centre, mais auquel un certain rôle d’épicentre sera intimement lié.Ne vous fiez pas à l’île, qui saute aux yeux comme une proposition de soleil, de clichés de sables fins. On est souvent conduit à percevoir l’île comme un territoire replié sur ses bornes, où il suffirait de pivoter sur un pied pour en faire le tour. Le préfixe In dans IntranQu’îllités pourrait même renvoyer à la négation de l’insularité. Ce titre est une manière, une astuce pour apostropher tous les imaginaires, pour pénétrer les interstices et naviguer dans l’air/ère d’une île-monde. Pour voguer, nous voguons, pour naviguer, nous naviguons, perméables dans les nuances et les méandres en crue de la complexité. Nous assumons pleinement notre enragement – une forme d’engagement suprême –, à plein temps dans l’utopie et dans l’action. »

Éditorial : Pour un nouveau monde par James Noël
« Vouloir se dépasser est un pari fou, c’est comme se quitter, mais c’est peut-être le plus court chemin pour arriver à soi. Pour atteindre hapax entier, voir son dedans, flancher en son for intérieur, faire résonner son être en assôtor dans le cosmos, et déployer sa magie neuve dans le réel. S’outrepasser. Qui mieux que les jeunes – mot de plus en plus bateau, charriant les naufragés d’un temps qui cache mal ses rides – peut encore aspirer à faire sauter les verrous, à fouler debout la tectonique des cauchemars, jouer coeur sur table, par ces temps de portes lourdes de fers et de fermetures rouillées, verrouillées solidement sur leurs gonds ?
Tandis que se révèlent vérifiables d’un bout à l’autre des hémisphères ces mots de Char : « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament », s’échappent des voix nouvelles de notre boîte noire transversale des transes, pour trancher l’Histoire, agiter le puzzle de l’imaginaire et rebattre autrement les cartes. Ces voix respirent une belle conscience de condamnés à… vivre. Elles disent avec hauteur que « nos ailes sont faites pour naviguer vers les comètes et les plus belles galaxies », toujours rebelles, elles se dressent en pourvoyeuses de futurs dans la déroute, « contre l’obéissance aveugle, nous aiguisons nos langues afin qu’un jour, fatigués d’être si raisonnables, nos corps traversent les miroirs. » Elles ont des noms qui tranchent : Silex, Béo, Lou, Fidèle, Damérique, Sarr, Dahomey, Hautefort…
Nous ne les avons pas vues venir, ces voix qui nous parlent au tournant d’un siècle qui semble allergique à la vie, à l’amour, au dialogue et à l’événement/avènement de l’autre. Elles sont d’ici, d’ailleurs, d’Haïti, de France, d’Ukraine, du Sénégal, du Canada, d’Allemagne. Nous ne les avons pas vues venir derrière la mer, mais nous les cherchions, les désirions comme une oasis dans la savane désolée.
Dany Laferrière, souffleur immortel, nous a suggéré dans un train de réunir les énergies du monde entier, celles qui n’ont pas encore trente ans. Notre ami et allié, Julien Delmaire a proposé de prendre comme boussole le verdict de Jerry Rubin : « Ne faites jamais confiance aux plus de trente ans. » L’histoire du rêve était alors en marche, dans ce train du livre, au retour du festival Étonnants Voyageurs (Saint-Malo/Paris), un oxygène nouveau gonflait le temps dehors contre les vents mauvais.
Ces voix nouvelles déroulent feuilles de route, bousculent l’espace, s’ouvrent en manifeste, pour écrire, peindre, jouer, jouir, faire jaillir un nouveau monde, loin de tout catéchisme, des dogmes et de la raison cartésienne. Elles ont répondu en passant outre le cadre de l’espace et du temps, pour porter loin le rêve de l’outre-monde en activant tous les chakras de l’émotion et de l’instinct sauvage.
Enfin un numéro d’IntranQu’îllités qui cogne sur la table des nations, non pour demander et chercher secours dans leurs sacrés paradis, mais pour commander, procéder au grand déverrouillage, au vaste désenvoûtement de la voûte céleste sur la Terre, renouer avec l’idée caduque d’un bonheur et d’une poétiqued’un vivre ensemble des peuples sur la Planète bleue.
Le monde est là qui demeure en toutes lettres, avec des voix porteuses de mondes, de langages, de paroles qui ont souvent une dimension… testamentaire. Nancy Huston, René Depestre, Michel Onfray, Ananda Devi, Abdourahman A. Waberi, Christiane Taubira, Rodney Saint-Éloi, et tant d’autres, nous guérissent, comme lecteurs, du sentiment tragique d’être des déshérités complets.
Toute la revue est tissée comme une toile d’araignée, une oeuvre d’art avec des points de fuite tentaculaires. Beaucoup de commandes personnalisées ont décidé du schéma déraisonnable dans l’imbrication/imbroglio des rubriques, qui sont plus en phase désormais avec notre quête de nous retrouver au hasard du voyage.
Jamais orgie des images, peuplée de visages en groupe d’îles, n’accomplissait un tel miracle dans l’harmonie avec les mots. Ne vous privez surtout pas de la littérature sous-jacente qui évolue en marge des visuels. Un nouveau chapitre dans la vie de la revue qui procède par secousses et déménagements intérieurs des rubriques. Elles ont le don de disparaître pour réapparaître d’un numéro à l’autre. Faut que les pages tournent. De la poésie avant toute chose, Pile ou face, Tous les vents du monde, Déclic, la Galerie des portraits, autant de rubriques tressées, portant chacune une couronne pleine de pépites et d’étoiles bipolaires.
Toute parure dehors, nous avançons debout, comme si l’on était au bord… de la fin… du monde. Pour que naisse un monde, autre. Manifestement. Nous cassons et brûlons nos thermomètres dans l’attente d’un nouveau temps de fièvre. »

ma contribution à ce numéro :

 

Là où le temps n’est plus

qu’un berceau de lumière

là où vos mains ont su

déposer leurs apprêts

Rien n’est plus attendu

que, de l’autre côté,

l’inconnu recueilli

de votre bouche nue

Il est de nos pareils

l’arbre à sa pleine conquête

sans attente souvent

sans plainte nulle part

Derrière le rideau

derrière la fenêtre

derrière la porte lourde

que vous auriez poussée

Il y a tous vos secrets

et dans les pas perdus,

les plus lointains hommages

d’une parole ignorée

Un temps où vous saviez

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